Angela Merkel a appelé mercredi les membres de l'UE à accorder leurs politiques envers la Chine, mettant en garde contre les "effets désastreux" d'agir seul en ces temps de tensions sur les droits humains et les technologies de télécommunication.
"L'un des plus grands dangers que je vois (...) est que chacun en Europe possède sa propre politique sur la Chine, et qu'au bout du compte, nous envoyons des signaux complètement différents", a déclaré la chancelière allemande dans un discours à la chambre des députés.
"Cela ne serait pas désastreux pour la Chine, mais cela serait désastreux pour nous en Europe", a-t-elle prévenu.
Elle a ainsi invité ses alliés européens à adopter une stratégie commune sur la nouvelle infrastructure de téléphonie mobile 5G, alors que le numéro deux mondial du secteur, le chinois Huawei, est soupçonné d'espionnage au profit de Pékin. Ce qu'il a toujours rejeté.
L'Allemagne, soupçonnée d'une certaine indulgence envers la Chine, son principal partenaire commercial, a jusqu'ici résisté à la pression américaine d'exclure le géant chinois du processus de construction de son réseau 5G, à condition que le groupe se conforme à des critères de sécurité très stricts.
Washington a d'ores et déjà banni Huawei des appels d'offres. Et l'Union européenne s'est inquiétée début octobre des "menaces posées par des Etats ou des acteurs qu'ils soutiennent" sur la sécurité des futurs réseaux de communication 5G, sans pour autant nommer Huawei.
"Nous ne contestons pas le fait que nous avons besoin de critères de sécurité élevés pour le développement du réseau 5G", a déclaré Angela Merkel.
"Mais nous devons aussi discuter cela avec les autres pays européens", pour parvenir à élaborer des "solutions européennes", a-t-elle dit, suggérant la création d'une agence européenne pour la "certification du 5G" à l'image de celle qui autorise par exemple la mise sur le marché de médicaments.
Elle a aussi souligné l'importance de critiquer les abus en matière des droits de l'homme, évoquant les tensions ces derniers mois à Hong Kong et les récentes révélations sur les traitements draconiens imposés à plus d'un million de musulmans dans des camps de rééducation en Chine.
La Chine est un système complètement différent, a-t-elle aussi fait valoir. "Et je ne sais pas si la réponse à une concurrence entre systèmes -et nous avons connu cela pendant la Guerre froide - peut être: l'isolement", a-t-elle pointé.