Le candidat français à la Commission européenne, Thierry Breton, a franchi mardi de justesse une première étape face aux eurodéputés, qui ont estimé lors d'un vote que son profil ne présentait pas de risques de conflit d'intérêt.
La commission des Affaires juridiques (Juri), chargée d'examiner la déclaration d'intérêt de l'ex-ministre français de l'Economie - qui a été ensuite PDG du groupe de services informatiques Atos pendant 11 ans -, a décidé qu'aucune question ni audition supplémentaire n'était nécessaire le concernant. Le vote, secret, est passé à 12 voix contre 11.
Le Français, qui a également dirigé Thomson et France Télécom, doit, après ce feu vert, passer une audition jeudi après-midi au Parlement européen, qui décidera ensuite de valider ou non sa candidature.
"Il n'y a pas eu de demande de question complémentaire à l'issue de l'examen de sa déclaration, ce qui démontre qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts", a réagi l'entourage de M. Breton auprès de l'AFP.
"Thierry Breton aura l'occasion ce jeudi de présenter la cohérence du portefeuille pour lequel il est désigné et comment il souhaite travailler en transparence avec les parlementaires européens", a-t-on ajouté.
Mardi, les eurodéputés ont également approuvé le candidat hongrois, Oliver Varhelyi (Voisinage et élargissement), et la Roumaine Adina Valean (Transports).
De sources concordantes, M. Breton, désigné par le président français Emmanuel Macron pour un très large portefeuille comprenant le Marché intérieur et le numérique, a été soutenu par les libéraux de Renew et le PPE, la droite européenne.
"Le PPE a considéré que sur le plan du conflit d'intérêts, il n'y en avait pas", a déclaré l'eurodéputé français Geoffroy Didier, membre de la commission Juri. "Un passé ne veut pas forcément dire un passif", a-t-il ajouté.
"Je sors complètement écoeurée. Tout cela est d'une hypocrisie sans nom", a estimé son côté l'eurodéputée Manon Aubry (gauche radicale), qui était favorable, au même titre que les écologistes et les socialistes, à ce que M. Breton fournisse par écrit des éclaircissements supplémentaires sur sa déclaration d'intérêt.
"J'ai perdu la premère manche contre Thierry Breton: les eurodéputés LR et LREM viennent de décider que sa présidence d'Atos ne pose aucun conflit d'intérêt ! Deuxième manche jeudi", a twitté Gilles Lebreton, eurodéputé d'extrême-droite, également en faveur de questions supplémentaires.
Prenant les devants sur d'éventuels soupçons, le Français a annoncé avoir cédé toutes ses parts dans son ancienne entreprise Atos, qu'il a quitté le 31 octobre, ainsi que dans son ex-filiale Worldline.
Selon la documentation disponible auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), il disposait de 579.705 actions Atos (40 millions d'euros bruts au cours actuel) et 104.734 actions de l'ancienne filiale Worldline (environ 5,7 millions d'euros bruts).
M. Breton a également quitté les mandats qu'il exerçait au sein des conseils d'administration de Worldline, Carrefour, de l'opérateur téléphonique sénégalais Sonatel et d'une filiale française de Bank of America.
En passe de devenir le premier grand patron promu commissaire européen, il a par ailleurs annoncé qu'il se récuserait "automatiquement de toute décision de gestion financière, contractuelle ou assimilée qui concernerait directement Atos ou l'une de ses entités".
M. Breton brigue un très vaste portefeuille comprenant la politique industrielle, le marché intérieur, le numérique, la défense et l'espace.
Ce portefeuille comprend notamment l'intelligence artificielle, les supercalculateurs ou encore la cybersécurité, autant de sujets en lien direct avec Atos.
zap/mla/pcm
WORLDLINE
CARREFOUR
BANK OF AMERICA
ATOS
ORANGE