L'essor des géants technologiques dans les services financiers, à l'image d'Alibaba, Google, Amazon ou encore Facebook, qui souhaite lancer sa propre cryptomonnaie, crée de nouvelles opportunités mais aussi de nouveaux risques, a averti dimanche la Banque des règlements internationaux (BRI).
La montée en puissance de ces nouveaux acteurs pose de nouveaux défis réglementaires pour les paiements et pour l'épargne ou le crédit, a-t-elle expliqué, insistant sur la complexité de ces nouveaux risques, notamment au regard du poids des données dont disposent les géants de la technologie.
Au fur et à mesure que leur présence s'accroît dans les services financiers, et ce "au-delà des frontières géographiques", a-t-elle souligné, les responsables des politiques publiques auront donc besoin de travailler ensemble pour développer de nouveaux outils afin de les encadrer.
"L'objectif devrait être de répondre à la percée des Big Tech dans les services financiers de façon à pouvoir en tirer les avantages tout en limitant les risques", a fait valoir Hyun Song Shin, conseiller économique et chef de la recherche de la BRI, cité dans un communiqué.
Cette institution considérée comme la banque centrale des banques centrales a lancé des pistes de réflexion afin de comprendre comment définir les règles applicables à ces grands groupes technologiques qui viennent peu à peu rivaliser avec les banques, qui sont, elles, au contraire déjà très réglementées.
Les premiers services financiers proposés par les géants de la technologie concernaient surtout les systèmes de paiement, ont retracé les économistes de la BRI, citant en exemple PayPal (qui appartenait au site américain d'enchères eBay) et Alipay (propriété du groupe chinois d'e-commerce Alibaba) pour faciliter les transactions, ou encore M-Pesa, le service de transfert d'argent par téléphone mobile lancé au Kenya en 2007 par une filiale du groupe de télécoms britannique Vodafone, qui ouvrait accès à de nouveaux moyens de paiement.
Mais peu à peu, certains ont étendu leurs prestations, notamment au placement de produits d'assurance ou encore à l'octroi de lignes de crédit, en particulier dans les pays où le système bancaire est moins avancé.
Cet essor des géants de la technologie pourrait favoriser l'inclusion financière, en particulier dans les économies émergentes, en permettant à des petites entreprises et ménages qui n'avaient pas accès à un compte bancaire de bénéficier de services financiers, ont soupesé les économistes de la BRI.
Toutefois se posent également les questions d'accès aux données dont disposent ces grands groupes, avec le risque en particulier que leur poids ne contribue à l'émergence d'acteurs dominants, susceptibles, à terme, de réduire la concurrence, ont-ils mis en garde.
Sise à Bâle en Suisse, la BRI abrite de nombreux comités financiers, dont le Comité de Bâle qui était chargé de revoir les règles applicables aux banques après la crise financière de 2007-2008 pour leur permettre de mieux résister en cas de choc financier. Elle publiera l'intégralité de son rapport annuel le 30 juin.
Mardi, le géant américain Facebook a annoncé son intention de lancer en 2020 une monnaie virtuelle, appelée "Libra", censée permettre d'acheter des biens ou d'envoyer de l'argent aussi facilement qu'un message instantané.