Le gouvernement hongrois a accusé jeudi Facebook de "censure" après qu'un groupe de presse proche du pouvoir s'est plaint de ne plus pouvoir diffuser de publicités sur le réseau social.
"Ce qui s'est passé est inacceptable", a déclaré Gergely Gulyas, bras droit du Premier ministre national-conservateur Viktor Orban conservateur, lors d'une conférence de presse à Budapest. "Nous souhaiterions que la liberté d'expression puisse prévaloir chez Facebook, contrairement à la censure observée ces derniers temps".
Le groupe de presse Mediaworks, qui contrôle quelque 90 titres régionaux et nationaux à travers le pays, avait affirmé mercredi que tous ses comptes publicitaires auprès de Facebook avaient été fermés par cette société.
"Notre démarche officielle pour connaître la raison de ce blocage est restée sans réponse", a indiqué Mediaworks dans un communiqué, estimant qu'"il est clair que la décision du groupe américain a été motivée par des raisons politiques et idéologiques".
Mediaworks se trouve dans la sphère d'intérêt de l'oligarque Lörinc Mészáros, un proche de M. Orban dont le groupe de presse défend avec constance la politique.
Une chute de la pluralité de la presse en Hongrie depuis le retour au pouvoir de M. Orban en 2010 est régulièrement évoquée par des ONG et par le Parlement européen.
Cette évolution avait été symbolisée en 2016 par la fermeture, par Mediaworks, du principal quotidien d'opposition, Népszabadság. Le pays est tombé à la 87e place du classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, l'avant-dernière au sein de l'UE devant la Bulgarie.
Les accusations du gouvernement hongrois font écho à celles de la Maison Blanche, qui a incité mercredi les internautes à témoigner de toute "censure" qu'ils auraient subie de la part de Facebook, YouTube ou Twitter.
Régulièrement accusés de servir de vecteurs à la diffusion de fausses nouvelles et d'être instrumentalisés à des fins de manipulations politiques, Facebook et ses pairs tentent depuis quelques mois de filtrer certains contenus.
Plusieurs de ces groupes, dont Facebook, ont signé mercredi un "Appel de Christchurch", dans lequel ils s'engagent à lutter contre "les contenus en ligne terroristes ou extrémistes violents".
Le président américain Donald Trump Donald dénonce fréquemment pour sa part une "collusion" des géants technologiques avec la gauche.
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