Le serveur Nginx, une des réussites de l'internet russe, a dénoncé des raids policiers contre son groupe dans le cadre d'une enquête sur les droits d'auteurs qu'il qualifie de "racket", suscitant l'inquiétude dans le milieu de la technologie.
Le groupe Nginx, dont le serveur web est aujourd'hui utilisé par un tiers des pages internet actives dans le monde, a été fondé en 2011 par deux Russes et racheté cette année par le groupe américain F5 Networks pour 670 million de dollars.
Mais jeudi 12 décembre, des perquisitions ont eu lieu dans ses bureaux ainsi qu'aux domiciles des deux co-fondateurs Igor Sisoïev et Maxime Konovalov, a déclaré ce dernier à l'AFP, indiquant que des téléphones, des ordinateurs et des documents avaient été saisis.
Ces perquisitions ont eu lieu dans le cadre d'une enquête pour violation présumée du droit d'auteur lancée à la suite d'une plainte du groupe russe de médias en ligne Rambler.
Rambler, où les deux hommes travaillaient avant de fonder Nginx, affirme détenir les droits d'auteur du produit. Selon M. Konovalov, il s'agirait d'une stratégie de "racket" à la suite de la vente de Nginx en mars.
Contacté par l'AFP, Rambler affirme que "ses droits exclusifs sur le serveur web Nginx ont été violés" et qu'il tiendra lundi une réunion extraordinaire de son conseil d'administration.
Le milieu de la technologie russe a accueilli avec effroi ces nouvelles, Nginx ayant été développé en "open source" (en code source ouvert).
"Des poursuites (judiciaires) visant de l'+open source+ sont un très mauvais signal pour la communauté des codeurs", a déclaré le géant de l'internet russe Yandex: "L'internet moderne n'existerait pas sans (...) des gens qui investissent leur temps dans le développement de programmes en code source ouvert".
Le groupe F5 a déclaré à l'AFP avoir "pris des mesures pour assurer la sécurité" de ses produits, qu'il affirme être conservés sur des serveurs en-dehors de Russie. "F5 soutient pleinement ses employés et nous pensons que ces accusations contre eux sont infondées", assure le groupe.
Si les fondateurs de Nginx n'ont pas été arrêtés, M. Konovalov estime encourir jusqu'à 6 ans de prison.
"Nous avons créé un des meilleurs serveurs, un produit russe unique, et pour cela nous serons envoyés en prison", a-t-il affirmé. "Si la situation n'est pas résolue, cela enverra un signal terrible à la communauté technologique: +Partez (de Russie) si vous pouvez+".