Le candidat français à la Commission européenne, Thierry Breton, a promis jeudi d'être "radical" pour éviter les conflits d'intérêts avec son ancienne fonction de PDG du groupe Atos si les eurodéputés approuvent sa nomination.
"Il n'y a qu'une seule solution, être radical. Je dis bien radical", a expliqué le Français, qui brigue un large portefeuille économique comprenant plusieurs secteurs directement en lien avec son ancienne entreprise, un groupe de services informatiques.
Il est auditionné jeudi après-midi par les eurodéputés, chargés de valider ou non sa candidature.
M. Breton a indiqué son intention de se récuser sur les sujets qui toucheraient directement Atos, comme "des contrats, des relations financières", qu'il n'aurait pas "à connaître".
Mais de manière plus globale, il a exclu de s'éloigner des questions portant sur les secteurs sur lesquels évolue Atos, comme l'intelligence artificielle, la cybsersécurité ou les supercalculateurs.
"Je ne vais pas me déporter du secteur, ce serait une aberration", a-t-il dit. "Je serai commissaire sur l'ensemble du portefeuille".
"Votre nomination est un mélange des genres qui crée de la confusion", a lancé l'eurodéputée écologiste Marie Toussaint, soulignant qu'il existait un "parfait chevauchement" entre les activités d'Atos et celles qu'il serait amené à conduire en tant que commissaire.
Le député de la gauche radicale (GUE) Manuel Bompard a lui estimé que M. Breton était incapable de garantir que ses "activités passées n'influeront pas (ses) activités à venir".
"Il y a un certain nombre de flux entre l'entreprise que j'ai dirigée" et son futur poste à la Commission, "pas énorme du reste", a reconnu M. Breton.
Mais "le règlement l'a parfaitement prévu", a-t-il ajouté, citant le code de conduite des commissaires européens.
Il a aussi rappelé aux eurodéputés qu'il avait déjà vendu la totalité de ses actions - pour un montant de 45 millions d'euros, selon les documents de l'Autorité des marchés financiers (AMF) - et démissionné des mandats qu'il exerçait dans divers conseil d'administrations.
"Je me présente donc aujourd'hui devant vous sans plus aucun intérêt patrimonial dans aucune entreprise", a-t-il assuré.
Le Français, ancien ministre de l'Economie, a été bien moins attaqué sur la question des conflits d'intérêts que le premier choix d'Emmanuel Macron pour la Commission, Sylvie Goulard, sous le coup d'une enquête judiciaire en France, rejetée début octobre pour des raisons éthiques.
Le PPE (droite), premier parti européen, qui avait torpillé la candidature de Mme Goulard, est cette fois-ci favorable à sa candidature.
Les eurodéputés doivent se prononcer sur M. Breton dans la soirée.
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