Le câblo-opérateur suisse Sunrise a annoncé mercredi avoir résilié son accord avec l'opérateur américain Liberty Global, tirant un trait sur son projet de rachat d'UPC Suisse qui l'avait engagé dans un bras de fer avec son actionnaire de référence.
La convention de rachat d'actions a été résiliée "en date du 12 novembre", a indiqué Sunrise dans un communiqué lors de la publication de ses résultats trimestriels, entraînant une pénalité de 50 millions de francs suisses qui devra être versée à Liberty Global.
En tenant compte des frais juridiques, de courtage et autres dépenses, le total des coûts supplémentaires devrait avoisiner 70 à 75 millions de francs suisses, a estimé Sunrise, précisant qu'une partie a déjà été répercutée dans ses comptes sur neuf mois.
En février, Sunrise avait proposé 6,3 milliards de francs suisses à Liberty Global pour s'emparer de sa filiale UPC Suisse, avec pour objectif de renforcer son assise sur le marché suisse.
Mais son actionnaire de référence, l'allemand Freenet, s'était opposé à l'opération, mettant entre autres en cause l'augmentation de capital de 4,1 milliards de francs suisses destinée à financer la transaction.
Les relations avec son actionnaire allemand s'étaient rapidement envenimées, Sunrise défendant bec et ongles son projet de rachat, notamment en révisant à la baisse le montant de l'augmentation de capital. Freenet campait, lui, sur sa position avec l'appui au fur et à mesure d'autres actionnaires, eux aussi opposés à l'opération.
Mais, en octobre, Sunrise avait créé la surprise en annulant sine die une assemblée générale extraordinaire durant laquelle ses actionnaires devaient se prononcer sur le financement de l'opération, torpillant ainsi son projet de rachat.
Pour le troisième trimestre, Sunrise a fait état d'un bond de 51,7% de son bénéfice net, à 48 millions de francs suisses, tandis que son chiffre d'affaires s'est accru de 1% à 474 millions.
A 9H55 GMT, l'action cédait 0,57% à 78 francs suisses alors que le SPI, l'indice élargi des valeurs de la Bourse suisse, perdait 0,67%.
L'accord est terminé... "pour l'instant?", se sont interrogés les analystes de Jefferies dans un commentaire boursier.
Dans un communiqué publié mardi soir, Liberty Global a laissé la porte ouverte aux discussions. Le groupe américain a dit comprendre la décision de Sunrise, même s'il aurait "préféré maintenir l'actuelle convention de rachat d'actions en place", a-t-il souligné.
"Nous avons hâte de poursuivre les conversations avec le conseil d'administration ou avec Freenet sur une potentielle transaction qui crée significativement de la valeur à la fois pour les actionnaires et les consommateurs suisses", a-t-il ajouté.
Parmi ses arguments, Freenet reprochait à Sunrise de prendre le risque d'acheter à grand frais une "technologie inférieure" en s'emparant d'un opérateur par câble, à l'heure où le basculement vers la technologie 5G est en train de s'amorcer.