La société en difficulté Remade, qui emploie environ 330 personnes dans le reconditionnement de smartphones, fait l'objet de deux offres de reprises partielles que la justice doit examiner jeudi à Rouen mais la liquidation totale est loin d'être exclue, a-t-on appris mardi auprès de la CFDT.
L'ancien président et le fondateur de Remade Matthieu Millet "propose de reprendre 142 salariés, du blabla. CTS (Creative Technology Solutions) propose de reprendre 118 salariés", affirme un tract distribué mardi par quelque 70 salariés près de l'usine Remade de Poilley (Manche), selon la CFDT.
"Conséquences possibles" selon ce tract "un licenciement de masse" des 330 salariés de Remade ou "222 personnes licenciées pour 118 personnes reprises soit seulement un salarié sur trois".
Selon la CFDT, le tribunal examinera les offres jeudi mais ne rendra sa décision que lundi.
L'offre de CTS "nous inquiète car on n'est pas sûr que le montant proposé assure la pérennité de l'entreprise", a précisé à l'AFP Sophia Garcia, secrétaire CFDT du CSE.
Quant à celle de M. Millet, Mme Garcia ne fait "aucun commentaire". "Je ne l'ai même pas regardée", a dit la syndicaliste.
Sous pression à chacune des audiences organisées depuis la liquidation avec poursuite d'activité le 28 novembre, "très peu de salariés souhaitent rester. Beaucoup demandent la liquidation totale", a ajouté la syndicaliste.
Créé en 2019, CTS emploie 20 personnes, avait indiqué à l'AFP son PDG Suresh Radhakrishnan le 28 novembre en marge d'une audience sur Remade à Rouen. Ce dernier avait précisé avoir auparavant été à la tête d'un autre société employant 500 personnes.
Matthieu Millet avait alors assuré à la presse se présenter devant le tribunal "pour dire comment il [était] possible de sauver l'entreprise".
M. Millet a été par le passé interdit de gérer plusieurs autres entreprises. Remade fait par ailleurs l'objet d'une enquête préliminaire menée par le parquet de Rennes pour faux bilan.
Interrogé mardi par l'AFP, Matthieu Millet a confirmé qu'il défendrait jeudi à Rouen son offre de reprise de 142 emplois.
Lancé en 2014, le groupe Remade avait atteint un effectif de 680 personnes en 2019.
"Pour masquer l'effondrement du groupe", Remade a "gonflé artificiellement son chiffre d'affaires", a affirmé le cabinet Syndex dans un rapport pour le CSE, daté de novembre, ce que dément M. Millet.