La justice examine jeudi le sort de la société de reconditionnement de smartphones Remade (au moins 330 salariés), en redressement judiciaire, et soupçonnée de faux bilan et fausses factures, après avoir affiché une ascension fulgurante.
"Le climat est clairement anxiogène. Il y a évidemment une vraie inquiétude. Les salariés craignent que le redressement judiciaire ne soit converti en liquidation", a déclaré Sophia Garcia, secrétaire CFDT du CSE à l'AFP.
Quatre offres ont été déposées, a précisé Mme Garcia. L'ancien PDG et fondateur du groupe Matthieu Millet, qui a dû quitter la présidence en juin, reprendrait 143 salariés, la société SFIT 20, l'entreprise Takara 32 et la société Recommerce 15, a-t-elle précisé.
"Aucune n'est recevable en l'état. L'espoir le plus concret est que le tribunal considère qu'au regard du sérieux de trois des candidats, il prolonge la période d'observation pour leur permettre d'améliorer leurs offres", a ajouté Thomas Hollande, l'avocat du CSE, pour qui l'offre de Matthieu Millet est "ridicule".
"Les différents repreneurs mettraient entre 200.000 et 1,2 million d'euros en prix de cession sur la table pour récupérer notamment le stock de 25.000 à 33.000 i-phones reconditionnés prêts à être commercialisés", a ajouté un porte-parole de la direction interrogé par l'AFP.
Les repreneurs potentiels avaient jusqu'à lundi soir pour déposer leur offre mais ils peuvent l'améliorer d'ici à jeudi. Interrogé par l'AFP, le tribunal de commerce a juste confirmé la tenue de l'audience jeudi.
Une cinquantaine de salariés devraient se rendre devant le tribunal jeudi, selon la CFDT, qui a prévu un car. L'audience prévue à 15h00 n'est pas publique.
Selon la CFDT, le tribunal examinera la situation de Remade Group, dont la principale société Remade SAS emploie 350 personnes à Poilley, près du Mont-Saint-Michel mais qui inclut également des filiales logistiques. Selon la direction Remade SAS compte 330 salariés.
Mi septembre, la direction avait indiqué que le groupe Remade employait 680 personnes, dont 450 au sein de Remade SAS à Poilley et Tanis, deux communes voisines.
Parallèlement Remade fait l'objet d'une enquête préliminaire pour faux bilan et fausses factures ouverte fin septembre, a indiqué à l'AFP le procureur de Coutances Cyrille Lacombe.
Matthieu Millet a été condamné par le passé à des interdictions de gérer d'autres sociétés, selon des jugements du tribunal de Nanterre.
Mais "personne n'est à ce stade nommément visé par les investigations", a précisé le procureur de Coutances.
"Quand on a vécu l'aventure Remade et qu'on arrive à cette situation, il y a forcément de l'incompréhension de la part des salariés, après le manque de transparence des dernières années mais la situation n'est pas toute blanche ou toute noire. Et ça ne doit pas être la responsabilité d'une seule personne", a commenté Mme Garcia.
Fin septembre la direction qui a repris les rênes en juillet évoquait un chiffre d'affaires "aux alentours de 50 millions d'euros" en 2018 et ne communiquait pas de chiffre pour 2017.
Surfant sur l'économie circulaire du smartphone, la société avait connu une ascension fulgurante. Début 2017, elle employait 250 personnes à Poilley.