La plateforme de reportages photographiques commerciaux Meero, accusée par certains professionnels "d'ubériser" le métier de photographe, a publié mercredi une étude mettant en évidence les faibles revenus actuels des photographes.
Cette étude coordonnée par Claude Vauclare, déjà auteure d'une étude commandée par le ministère de la Culture en 2015, a été réalisée auprès de 5322 photographes dans le monde (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Italie, Brésil...), dont 736 en France.
En 2018, 51% des répondants ont tiré moins de 10.000 euros de leur activité de photographe (commandes d'entreprises ou de particuliers, photo artistique, presse...), et 24% ont gagné entre 11.000 et 25.000 euros, selon cette étude qui souligne la "faiblesse des revenus" des photographes. Et ce, "en France comme dans la majorité des pays", a souligné Claude Vauclare.
Par ailleurs, 25% des répondants réalisent moins de 5 commandes de photos par an, selon cette étude.
Meero, startup parisienne qui a connu une croissance météorique ces dernières années et figure parmi les possibles "licornes" françaises (sociétés de la tech non cotée valant plus d'un milliard de dollars), estime que cette étude accrédite son choix de positionnement -- proposer un complément de revenu efficace aux photographes grâce notamment à sa puissance de démarchage commercial.
"Nous avons envie de pouvoir apporter un complément de revenu" aux photographes et d'"également leur apporter des outils de gestion de leur activité, pour permettre aux créatifs de développer leur activité au-delà" de Meero, a indiqué Maxime Riché, le directeur de la photographie de l'entreprise, qui s'appuie sur un réseau de près de 60.000 photographes dans le monde.
Mais des organismes professionnels comme l'Union des photographes professionnels (UPP) et la Société des arts visuels et de l'image fixe (SAIF) critiquent sévèrement le modèle de Meero, lui reprochant notamment d'enlever au photographe les droits d'auteur sur sa production.
Meero leur fait réaliser des photos selon des paramètres techniques bien déterminés, qu'elle retouche ensuite automatiquement grâce à des outils basés sur l'intelligence artificielle. Ses clients sont de grands acteurs de l'immobilier, du voyage et du tourisme (hébergement, restauration....). La société est en train de se lancer sur la clientèle des particuliers, notamment en proposant de la photo de mariage.
Elle a réalisé une levée de fonds record de 205 millions d'euros en juin, avec pour but de s'installer comme un acteur mondial du photo-reportage commercial.
D'autres plateformes tentent de se positionner différemment de Meero.
Ocus, une plateforme française qui revendique un réseau de 19.000 photographes dans le monde, a publié cette semaine une charte dans laquelle elle s'engage à oeuvrer pour "l'instauration d'une rémunération plancher combinée à un taux horaire minimum", le "versement de droit d'auteur" et "l'inscription systématique de la signature de l'auteur dans les métadonnées de l'image".