Le Royaume-Uni va maintenir sa taxe sur le numérique, qui doit entrer en vigueur en avril, a déclaré mercredi à Davos le ministre britannique des Finances Sajid Javid malgré les menaces américaines de représailles.
"Nous prévoyons de mettre en oeuvre notre taxe sur les services numériques en avril", a-t-il déclaré lors d'un panel au Forum économique mondial (WEF) dans la station suisse.
"C'est une taxe proportionnée et c'est une taxe qui est délibérément conçue comme une taxe temporaire. Elle disparaîtra une fois qu'il y aura une solution internationale", a assuré le ministre qui s'exprimait aux côtés du secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
Ce dernier a justement réitéré à Davos mercredi matin ses menaces de représailles via l'introduction de droits de douane punitifs en cas de taxation "arbitraire" en Europe sur les entreprises numériques.
Dans un entretien au Wall Street Journal publié en début de semaine, Steven Mnuchin avait estimé que la taxe prévue par la France était injuste et avait dit espérer que le Royaume-Uni et l'Italie suspendent leurs projets.
De son côté, Paris a dit envisager de suspendre le prélèvement de sa taxe sur le numérique cette année dans le cadre de ses discussions avec les Etats-Unis "pour donner du temps" et trouver un accord mondial à l'OCDE.
M. Javid a estimé que "cette année pourrait être l'année du changement", espérant un accord entre plusieurs pays sur le sujet.
La décision de Londres de maintenir sa taxe pourrait compliquer son projet de négocier avec les Etats-Unis un vaste accord de libre-échange une fois le Brexit réaliser fin janvier. M. Javid a d'ailleurs indiqué que les travaux avec les Etats-Unis avait commencé.
Le projet de taxe britannique sur le numérique avait été dévoilé fin 2018 par le gouvernement et devrait s'élever à 2% sur certains services numériques bien identifiés comme les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les ventes en ligne.
Elle ne s'appliquera qu'aux entreprises générant plus de 500 millions de livres de chiffre d'affaires annuel (560 millions d'euros) et pourrait rapporter autour de 400 millions de livres par an d'ici à 2022.