Le Liban a dévoilé jeudi une taxe sur les appels effectués via les applications de messagerie Internet, une mesure qui vise à générer des revenus pour l'Etat mais qui a provoqué l'indignation des utilisateurs.
Le ministre libanais de l'Information a expliqué au cours d'une conférence de presse que les usagers seraient facturés 20 centimes de dollar (18 centimes d'euro) pour chaque appel effectué via les services de messagerie tels que Whatsapp et Viber.
Approuvée mercredi par le gouvernement, la mesure entrera en vigueur le 1er janvier 2020, a-t-il déclaré devant les journalistes à l'issue d'une réunion du gouvernement, ajoutant que la taxe rapporterait à l'Etat 200 millions de dollars par an.
Le ministre n'a pas fourni davantage de détails, mais l'organisation de défense des libertés numériques dans le monde arabe SMEX affirme que les principaux opérateurs téléphoniques envisagent déjà d'introduire un système qui permettra de détecter sur leurs réseaux les appels Internet des usagers.
La mesure annoncée par le gouvernement libanais fait partie d'une série de mesures d'austérité introduites pour tenter de redresser une économie en berne.
"Au Liban, le prix de la téléphonie mobile est parmi les plus élevés de la région", rappelle SMEX sur Twitter. Et avec cette mesure "les usagers vont devoir payer deux fois pour les services Internet", prévient l'ONG.
TechGeek365, organisation de défense des droits numériques dans la région, dit avoir contacté le réseau social Facebook, propriétaire de Whatsapp, au sujet de la décision du gouvernement libanais.
"Un porte-parole a indiqué qu'une telle décision constituerait une violation directe des conditions générales d'utilisation", ajoute TechGeek365 sur Twitter.
Selon SMEX, Facebook a cependant déjà "par le passé accepté une taxe imposée sur les réseaux sociaux en Ouganda, ce qui de fait revient au même".
Le Liban connaît depuis plusieurs années une dégradation de son économie, souffrant notamment de la guerre en Syrie voisine, et dont les répercussions sont venues s'ajouter à une corruption endémique et des infrastructures en déliquescence.
La dette publique culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.
Beyrouth s'était engagé en avril 2018 à engager des réformes lors d'une conférence internationale en contrepartie de promesses de prêts et de dons d'un montant total de 11,6 milliards de dollars.
Le Parlement a adopté en juillet un budget d'austérité pour 2019 qui doit permettre de faire reculer de quatre points le déficit.
"Il semblerait que le gouvernement libanais ne vole pas assez d'argent au peuple", a ironisé une utilisatrice sur Twitter en réagissant à l'annonce de WhatsApp.