Le ministère américain du Logement a annoncé jeudi qu'il poursuivait Facebook pour pratiques discriminatoires en raison de la façon dont le réseau social permet à ses clients de cibler très finement leurs publicités.
Facebook viole la loi "en encourageant, en facilitant et en causant de la discrimination en matière de logement à travers la plateforme de publicité de l'entreprise", a affirmé le ministère du Logement et de l'Urbanisme (HUD) dans un communiqué.
Le Washington Post a aussi révélé que le ministère examinait également les pratiques publicitaires de Twitter et de Google, là aussi pour discrimination au logement. Les deux entreprises ont été averties de l'enquête en cours qui peut s'avérer assez longue avant que le ministère ne lance éventuellement des poursuites.
Ainsi la plainte contre Facebook est le fruit d'une longue enquête sur les pratiques du réseau social, démarrée en août 2018.
Le ministère estime que le système même de ciblage très fin de Facebook contrevient à la loi parce qu'il permet de viser les gens par couleur, origine, religion, statut familial, sexe ou encore handicap.
Le ministère affirme par ailleurs que la manière dont Facebook utilise les innombrables données personnelles qu'il collecte contrevient également à la législation.
"Facebook discrimine en fonction de qui sont les gens et d'où ils habitent", accuse Ben Carson, le ministre du Logement.
Selon le ministère, Facebook a permis aux entreprises qui font de la publicité à travers le réseau social "d'exclure les gens classés comme parents, pas nés aux Etats-Unis, pas chrétiens, qui s'intéressent aux accès aux handicapés, à la culture hispanique, ou une vaste palette d'autres intérêts".
"Nous sommes surpris de la décision de HUD, parce que nous avons travaillé avec eux pour répondre à leurs inquiétudes et avons pris des mesures significatives pour éviter la discrimination publicitaire", a rétorqué Facebook dans un communiqué. Le réseau social estime aussi que le ministère demandait un accès trop large à des "données sensibles" comme celles des usagers.
La plainte du HUD a été déposée auprès d'un juge administratif. S'il estime que la plainte est justifiée il peut imposer une amende, le paiement de dédommagements et demander éventuellement à Facebook de modifier ses pratiques.
Le HUD a décidé de poursuivre le premier réseau social mondial bien qu'il ait annoncé le 19 mars qu'il allait changer sa gestion des publicités ciblant les minorités et les populations économiquement fragiles dans les domaines du logement, du crédit ou de l'emploi aux Etats-Unis.
Facebook mettait ainsi fin à des poursuites engagées par des organisations de défense des droits civiques aux Etats-Unis.
Le réseau social s'était par ailleurs engagé à mettre sur pied un outil permettant de chercher un logement parmi toutes les publicités immobilières aux Etats-Unis.
"Les publicités sur le logement, l'emploi ou le crédit sont cruciales pour aider les gens à acheter une nouvelle maison, débuter une grande carrière ou encore avoir accès au crédit", avait souligné Sheryl Sandberg, la numéro deux du groupe, mais "elles ne devraient jamais être utilisées pour exclure des gens ou faire du mal".
"La tolérance est au coeur des valeurs de Facebook", avait-elle ajouté.
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