Le gendarme américain des marchés (SEC) a obtenu vendredi de la justice américaine qu'elle bloque temporairement la levée de fonds de la plateforme de messagerie cryptée Telegram, qui prévoit de lancer ce mois-ci sa monnaie virtuelle.
La SEC avait saisi la justice au motif que Telegram, qui a déjà levé plus de 1,7 milliard de dollars pour son projet de cryptomonnaie, n'avait pas enregistré son offre et ses conditions auprès du gendarme des marchés, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
C'est un sérieux revers pour Telegram, dont les ambitions dans le domaine de la monnaie virtuelle passent par une légitimité réglementaire sans faille, les cryptomonnaies véhiculant souvent une image sulfureuse.
Fort d'un réseau considérable d'utilisateurs de sa messagerie, estimé à 250 millions de personnes, Telegram avait annoncé le lancement de sa monnaie virtuelle, "Gram", d'ici au 31 octobre.
Son réseau TON (Telegram Open Network), reposant sur la technologie blockchain, devrait créer tout un système de paiement sécurisé et rapide se voulant "une alternative à Visa et Mastercard pour une nouvelle économie décentralisée", selon un document ayant fuité l'an dernier.
Sur la foi de ce projet, le fondateur de Telegram, le Russe Pavel Dourov, et sa société, ont levé plus de 1,7 milliard de dollars auprès de 171 investisseurs privés, lors d'une levée de fonds massive en cryptomonnaies (ICO), rappelle la SEC.
Le gendarme boursier précise qu'environ 424,5 millions de dollars de cette somme provenait d'investisseurs américains, au nombre de 39, ce qui lui donne juridiction pour saisir la justice américaine.
Le succès à été tel que la messagerie a annulé l'organisation d'une levée de fonds publique, imposant d'attendre le lancement officiel du "Gram" pour pouvoir se procurer la nouvelle cryptomonnaie.
Selon son site, l'équipe de développement de Telegram est basée à Dubaï, tandis que la société est enregistrée aux Iles Vierges britanniques.
Outre le fait que l'offre n'a pas été enregistrée, la SEC souligne que Telegram n'a communiqué aux investisseurs aucune information sur sa situation financière ou sur son plan d'affaires.
Le gendarme estime également que la somme déjà levée dépasse de très loin les besoins de Telegram pour financer sa monnaie virtuelle et continuer le développement de sa messagerie.