Les jeunes pousses technologiques françaises ont levé 2,79 milliards d'euros sur le premier semestre 2019, un montant en augmentation de 43% sur un an, mais ont toujours du mal à faire fructifier ces investissements, selon le baromètre EY du capital risque en France.
"Les fonds mobilisés sur le seul semestre 2019 sont plus de 200 millions d'euros supérieurs à ceux levés sur l'ensemble de l'année 2017", relève Franck Sebag, l'auteur de l'étude, en charge du secteur des entreprises à forte croissance pour l'Europe de l'Ouest et le Maghreb.
Le nombre d'opérations financées (387) a quant à lui progressé de 16% par rapport au premier semestre 2018 (333).
C'est le secteur des services internet qui a attiré le plus de capitaux (968 millions d'euros levés pour 101 opérations), concentrant plus du tiers des investissements en valeur, devant le secteur des logiciels (793 millions d'euros pour 103 opérations).
La nette augmentation des montants levés au premier semestre 2019, même si elle reste inférieure à celle enregistrée par le Royaume-Uni (+76% à 5,3 milliards d'euros) sur la même période, s'explique par la forte croissance des opérations dépassant les 50 millions d'euros.
Alors que seuls quatre tours de table avaient dépassé ce montant au premier semestre 2018, totalisant 331 millions d'euros, 12 opérations ont franchi ce seuil de janvier à juin 2019, pour 1,059 milliard d'euros levés au total.
Avec une levée de fonds de 205 millions d'euros en juin, la start-up Meero, qui vend des reportages photos pour les sites internet de grands clients, a réalisé une opération record pour une jeune pousse française, entrant dans le cercle fermé des "licornes" tricolores, qui compte déjà Deezer, Blablacar ou encore Doctolib.
"Aujourd'hui, le principal enjeu de la French Tech n'est plus uniquement lié à sa capacité à drainer des investissements auprès de belles pépites - il est fort probable que nous atteignions 5 milliards d'investissement en fin d'année - mais de pouvoir retourner ces investissements avec une plus-value auprès des fonds d'investissement", selon M. Sebag.
"Jusqu'à présent, en comparaison de nos homologues européens et internationaux, la French Tech est restée assez timide sur le sujet et les opérations de sorties (fusions-acquisitions, introductions en Bourse) se sont faites rares", a-t-il complété.
Emmanuel Macron doit annoncer à la mi-septembre des mesures destinées à faciliter le financement des pépites françaises de la tech, plus compliqué quand les financements se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions d'euros.