L'Autriche veut contraindre les grandes plateformes internet à établir l'identité de leurs utilisateurs, de façon à lutter contre le harcèlement et la propagation de messages de haine en ligne, a annoncé le gouvernement autrichien mercredi.
"Les mêmes principes doivent s'appliquer au monde digital qu'au monde réel. L'internet ne peut être un espace sans droit", a tweeté le chancelier Sebastian Kurz, annonçant une "interdiction d'avancer masqué" sur la Toile.
"Il y a malheureusement de plus en plus de d'excès, de dénigrements et d'humiliations en ligne sous le couvert de l'anonymat", a relevé le dirigeant conservateur.
En pratique, l'Autriche veut contraindre par la loi d'ici 2020 les grands opérateurs comme Facebook, Twitter et Instagram à enregistrer l'identité et l'adresse de leurs utilisateurs, a détaillé le ministre en charge des médias, Gernot Blümel.
La disposition s'appliquerait aux plateformes comptant plus de 100.000 utilisateurs ou réalisant un chiffre d'affaires d'au moins 500.000 euros en Autriche, un pays de 8,9 millions d'habitants, a-t-il été précisé. Les médias bénéficiant d'aides publiques seraient également concernés.
L'idée d'une levée au moins partielle de l'anonymat sur le net fait du chemin en Europe, alimentant l'inquiétude des militants pour un internet libre.
Le parti libéral autrichien Neos (opposition) a vivement critiqué mercredi le projet de loi, dénonçant "une nouvelle tentative pour restreindre la liberté sur internet".
En France, la possibilité de demander l'identité des utilisateurs dans des cas de harcèlement ou d'apologie du terrorisme existe déjà dans la loi. Paris a toutefois annoncé en février vouloir imposer dans certains cas aux plateformes des délais raccourcis pour communiquer ces informations personnelles.