L'Etat français doit revoir ses financements en matière spatiale et "investir massivement" dans la filière satellitaire pour éviter un décrochage, a exhorté lundi la fédération Force ouvrière de la métallurgie dans un livre blanc.
Leader en Europe dans le domaine spatial, la France se focalise depuis un demi-siècle sur l'accès à l'espace, essentiel pour la force de frappe nucléaire, et donc les lanceurs.
"La France oriente tous ses financements sur (la fusée) Ariane tandis que les autres pays européens (Allemagne et Royaume-Uni notamment, NDLR) soutiennent fortement leur industrie satellitaire et leur industrie d'applications spatiales", regrette le syndicat dans son document.
Or, avec le développement de la connectivité et l'apparition de nouveaux acteurs, l'écosystème a changé et il existe un risque de décrochage, rappelle Marc Colombani, élu FO de Thalès Alenia Space (TAS), qui appelle à un "Grenelle du spatial".
"Nous avons besoin d'un Etat stratège, qui fasse un plan sur 4, 5 ans pour investir massivement" et "flèche absolument ce support vers la filière satellitaire", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. C'est selon lui "une question de volonté politique".
En France, TAS et Airbus Defense and Space produisent des satellites. Cette industrie représente 16.000 emplois directs, selon FO.
Le syndicat déplore également l'absence de vision de long terme de l'Etat, actionnaire d'Airbus et de la maison-mère de TAS, Thalès, et qui est "toujours en réaction" face aux évolutions du secteur.
"Aujourd'hui, tout le monde est sur la rentabilité à court terme, or le spatial, c'est du long terme", a de son côté estimé Eric Brunet-Manquat, secrétaire FO du comité central d'entreprise de TAS France.
Les crédits dédiés à la recherche spatiale civile et militaire ont atteint 1,8 milliard d'euros en 2019, en hausse de 13%. Mais une partie de cette augmentation est absorbée par le remboursement d'une dette de la France de 354 millions d'euros envers l'Agence spatiale européenne (ESA).
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