Facebook déploiera fin mars son dispositif de transparence en matière de publicités politiques au sein de l'UE, dans le cadre de ses efforts pour endiguer les tentatives de manipulations avant les élections européennes de mai, a confirmé mercredi une responsable du groupe.
Le réseau social ouvrira "fin mars" la procédure d'agrément que devront suivre les personnes ou entités qui veulent diffuser des publicités politiques dans le cadre des élections européennes, a expliqué à des journalistes Katie Harbath, chargée des questions relatives aux élections chez Facebook, en déplacement cette semaine à Paris et à Bruxelles.
"Nous allons exiger que les personnes suivent cette procédure d'agrément dans chacun des pays où ils veulent cibler des électeurs", a-t-elle expliqué.
Cette mesure permet au réseau de procéder à des vérifications et d'exiger des précisions sur l'activité des annonceurs, et d'interdire si nécessaire la diffusion de publicités financées par des acteurs étrangers.
En outre, les campagnes publicitaires resteront publiquement accessibles 7 ans après leur diffusion, et en cliquant sur un bouton qui les accompagne, on pourra obtenir des données (dont l'estimation du montant dépensé et du nombre de vues générées). Des rapports hebdomadaires pays par pays seront diffusés en mai.
Facebook, accusé d'avoir servi en 2016 de support à l'ingérence d'officines russes oeuvrant à l'élection de Donald Trump, déploie désormais ce type d'outils lors des grandes élections, comme lors des "midterms" américaines ou de la présidentielle au Brésil, et projette de mettre en place un dispositif d'ampleur mondiale d'ici fin juin, a rappelé Katie Harbath.
Le groupe a en outre récemment créé deux nouveaux "centres opérationnels" régionaux dédiés aux élections, à Dublin et Singapour, en plus de celui installé dans son QG américain à Menlo Park, pour pouvoir réagir à toute heure à d'éventuelles tentatives d'interférences.
La commission européenne avait reproché fin février aux géants du Net, et en particulier Facebook et Twitter, de ne pas lui donner suffisamment d'informations sur leurs efforts contre la désinformation à l'approche des élections pour le Parlement européen prévues fin mai.
"Nous avons réalisé de grandes avancées durant ces deux dernières années mais nous aurons toujours d'énormes efforts à fournir", a concédé Katie Harbath, tout en assurant que Facebook était désormais "très bien préparé pour gérer les choses que nous pouvons prévoir, et pour pouvoir réagir rapidement à celles qui pourraient surgir".
Outre les outils publicitaires, Facebook a rappelé avoir musclé depuis deux ans ses efforts pour lutter contre la désinformation sur ses plateformes, notamment via la suppression automatisée des faux comptes, et son programme international de fact-checking, via lequel il rémunère des médias (dont l'AFP) pour vérifier les contenus soupçonnés d'être faux.
A cette occasion, Tessa Lyons, une autre responsable de Facebook, a réaffirmé que ce programme permettait de "réduire de 80%" les vues des contenus identifiés comme faux.
Mais elle a confirmé que le groupe n'entendait pas procéder à la suppression systématique des fausses nouvelles(ou "fake news"), celles ci n'étant retirées du réseau que si elles violent ses règles d'utilisation, par exemple si elles font peser "une menace physique immédiate" sur des personnes. Le groupe devant, justifie-t-elle, maintenir un équilibre "entre la liberté d'expression et s'assurer d'avoir des informations fiables".
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