Ils posent des jours de congés ou exercent leur droit de retrait: des salariés de plusieurs sites d'Amazon en France font valoir le "danger grave et imminent" auquel ils sont exposés, faute, disent-ils, de pouvoir respecter les règles de sécurité sanitaire face à l'épidémie de coronavirus.
Alors que l'activité du groupe américain de commerce électronique est soutenue par le confinement de la population française, au moins 200 salariés du site près de Douai (Nord) ont fait valoir mardi leur droit de retrait.
Mercredi, environ 50% des CDI ont fait la même démarche ou étaient en débrayage à Montélimar (Drôme), selon des sources syndicales.
"Personne ne se sent en sécurité chez Amazon aujourd'hui en France", explique Jérôme Guilain, délégué Sud-Solidaires à Lauwin-Planque, près de Douai, qui a alerté à propos d'un "danger grave et imminent" lundi. "Ils ne mettent pas les moyens nécessaires pour sécuriser les travailleurs", assure-t-il.
D'après lui, "les gens ne veulent plus venir". "Ils ont peur d'être présents sur le site" où travaillent 1.700 salariés, sans compter les centaines d'intérimaires, selon les périodes.
Entre 80 et 100 salariés du site débrayaient mercredi après-midi, selon plusieurs sources syndicales.
"Les salariés demandent au minimum de travailler en sécurité et au maximum de fermer le site pendant 15 jours", écrit l'intersyndicale dans un communiqué.
Selon les syndicats, il n'y a pas assez de gel hydroalcoolique, pas de masque FFP2, ni de gants ni de lingettes désinfectantes. Et la distance physique d'au moins un mètre n'est pas applicable partout dans le centre logistique: croisement des équipes dans les allées, proximité sur les lignes d'emballage...
"A certains endroits, impossible de garder les distances de sécurité, notamment dans les vestiaires. Ils ont rajouté une pause en plus pour qu'on ne soit pas trop nombreux en salle de pause mais les trois pauses s'enchaînent sans nettoyage des locaux", renchérit Guillaume Reynaud, secrétaire CGT d'Amazon Montélimar.
A Boves, près d'Amiens (Somme), il y a cinq suspicions de cas de Covid-19, affirment les syndicats.
"Tout le monde a peur; ça tourne à la panique", affirme Sandra Holota, déléguée syndicale CGT.
Mais seuls une "dizaine de salariés" ont fait valoir leur droit de retrait ces derniers jours. "Beaucoup ne le font pas parce qu'ils ne seront pas payés".
Selon Mme Holota, "la direction a fait savoir que leur absence serait considérée comme une absence autorisée non payée. On ne sera pas sanctionné, pas licencié, mais pas payé".
"Est-ce qu'un DVD ou une clé, c'est un bien de première nécessité ?", s'interroge un élu CFDT voulant garder l'anonymat, affirmant que la part de la vente alimentaire représente "très peu" du chiffre d'affaires.
Par ailleurs, le Syndicat national de la librairie française (SLF) a dénoncé mercredi dans un communiqué la "concurrence déloyale" que constitue selon eux la poursuite des commandes et des retraits de livres via la grande distribution et Amazon.
"La santé et la sécurité de nos employés, partenaires et clients (...) restent nos priorités absolues. Nous suivons strictement les recommandations et directives du gouvernement" et travaillons pour "continuer à livrer les clients les plus touchés, dont beaucoup n'ont aucun autre moyen d'obtenir des produits essentiels", a réagi la direction d'Amazon dans un communiqué transmis à l'AFP.
La direction assure notamment "renforcer le nettoyage de toutes les installations", "annuler les réunions non indispensables", "modifier l'aménagement des lieux de travail (...) pour que les salariés puissent maintenir la distance nécessaire" ou encore organiser des "pauses échelonnées".
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