Le commissariat à la protection de la vie privée du Canada a annoncé vendredi avoir lancé une enquête sur l'utilisation par la police fédérale de la technologie de reconnaissance faciale de la société américaine Clearview AI.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) "ayant reconnu qu'elle utilise la technologie de Clearview, le Commissariat lance une enquête à ce sujet en vertu de la loi sur la protection des renseignements personnels", a expliqué l'instance dans un communiqué publié sur son site.
Jeudi, la GRC a confirmé "par souci de transparence" avoir commencé à utiliser la technologie de reconnaissance faciale de Clearview AI.
"Nous reconnaissons que la protection des renseignements personnels est essentielle et qu'elle constitue une attente raisonnable des Canadiens, cependant il faut établir un équilibre entre elle et la capacité des organismes d'application de la loi de mener des enquêtes et d'assurer la sécurité des Canadiens, y compris les plus vulnérables", a expliqué la GRC.
La technologie est utilisée "depuis environ quatre mois aux fins des enquêtes sur les cas d'exploitation sexuelle d'enfants sur Internet" par le Centre national contre l'exploitation des enfants (CNCEE) de la GRC, selon un communiqué.
Le centre s'est servi de la technologie "dans 15 cas, lui permettant ainsi d'identifier et de sauver deux enfants".
La semaine dernière, le Commissariat avait annoncé l'ouverture d'une enquête sur Clearview après "de nombreux reportages dans les médias ayant soulevé des questions et des préoccupations" sur la compilation et l'utilisation par l'entreprise de "renseignements personnels sans consentement".
La reconnaissance faciale est de plus en plus utilisée par les forces de police et les agents de douane à travers le monde, mais aussi pour "identifier" des personnes sur les réseaux sociaux ou déverrouiller des smartphones et des voitures.
Le New York Times a consacré en janvier une enquête à la start-up américaine Clearview AI expliquant que cette dernière a mis au point un outil qui lui a permis de créer une base de données, à partir de la copie de plus de 3 milliards d'images sur les réseaux sociaux, sans le consentement de leurs propriétaires. Plus de six cents services de police ont commencé à utiliser l'outil, selon le quotidien.
En Europe également, la police de Londres a annoncé fin janvier qu'elle allait commencer à utiliser la reconnaissance faciale dans des endroits ciblés pour identifier les auteurs de crimes et délits graves, avec un système fourni par le groupe japonais NEC.
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