Le président américain Donald Trump et le Premier ministre britannique Boris Johnson se sont entretenus au téléphone vendredi au sujet de la sécurité du réseau de télécommunications, à quelques jours de la décision britannique sur la participation de Huawei à son réseau 5G.
Les deux hommes ont notamment abordé la question de la coopération "pour assurer la sécurité de notre réseau de télécommunications", ont annoncé Downing street et la Maison-Blanche dans deux déclarations distinctes.
Les Etats-Unis font pression sur l'Europe, et en particulier sur le Royaume-Uni, pour exclure Huawei, invoquant les liens de l'entreprise avec le gouvernement chinois et le fait que ses équipements pourraient être utilisés à des fins d'espionnage, ce que le groupe chinois a toujours démenti.
Le gouvernement de Boris Johnson semble cependant préparer le terrain pour un feu vert à la participation de Huawei au réseau 5G du pays, mais qui pourrait être limitée à des infrastructures non stratégiques.
Lors d'une conférence au centre de réflexion Chatham House à Londres samedi, le secrétaire américain au Trésor Steve Mnuchin a souligné qu'il s'agissait d'un "sujet complexe" discuté avec le gouvernement britannique et d'autres. "Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais il y a des discussions intensives", a-t-il déclaré.
Le Royaume-Uni recourt à la technologie Huawei depuis 15 ans, contrairement aux Etats-Unis, et les agences de sécurité sont parvenues à gérer le risque, a fait valoir vendredi une source gouvernementale britannique.
En outre, bannir entièrement Huawei coûterait "des milliards" de livres au Royaume-Uni et y retarderait le déploiement du réseau 5G, nouvelle génération de téléphonie destinée aux objets connectés, et de la fibre optique, a-t-elle ajouté.
Les équipements de Huawei sont généralement considérés comme plus avancés et de meilleure qualité que ceux des autres acteurs du secteur, grâce à d'importants investissements ces dernières années en recherche et développement, bien supérieurs à sa concurrence.
Huawei est une source de tension entre Londres et Washington au moment où le gouvernement britannique compte négocier après le Brexit, prévu le 31 janvier, un nouvel accord commercial avec les Etats-Unis.
Steve Mnuchin s'est dit à ce sujet "optimiste", estimant que le Royaume-Uni avait "peut-être des choses à résoudre" avec l'Union européenne avant de finaliser un accord avec les Etats-Unis, mais que nombre de ces questions "pouvaient être résolues simultanément".
Le secrétaire américain, qui a rencontré samedi son homologue britannique Sajid Javid, a répété que Washington jugeait "discriminatoire" la taxe sur le numérique que Londres compte introduire en avril, un autre sujet de discorde.
Alors que la Banque d'Angleterre pourrait annoncer la semaine prochaine l'abaissement de son taux directeur, le secrétaire américain a appelé les gouvernements européens à ne pas se reposer seulement sur les politiques monétaires pour réguler l'économie mais à aussi utiliser le levier fiscal et budgétaire.
Pendant la campagne des législatives de décembre, Boris Johnson a promis de tourner la page de l'"austérité" et de dépenser des milliards de livres dans de grands projets.