Le gouvernement britannique devrait se prononcer "la semaine prochaine" sur la participation éventuelle de l'équipementier chinois Huawei au développement du réseau mobile 5G au Royaume-Uni, qui rencontre une forte opposition de Washington, a indiqué une source gouvernementale.
Les Etats-Unis font pression sur l'Europe, et en particulier le Royaume-Uni, pour exclure Huawei, invoquant les liens de l'entreprise avec le gouvernement chinois et le fait que ces équipements pourraient être utilisés à des fins d'espionnage, ce que Huawei a toujours démenti.
Le gouvernement de Boris Johnson semble cependant préparer le terrain à un feu vert à la participation de Huawei au réseau 5G du pays, mais qui pourrait être limitée à des infrastructures non stratégiques.
Ainsi, a plaidé cette source de haut rang à des journalistes vendredi, le Royaume-Uni recourt à la technologie Huawei depuis 15 ans, contrairement aux Etats-Unis, et les agences de sécurité sont parvenues à gérer le risque.
En outre, bannir entièrement Huawei coûterait "des milliards" de livres au Royaume-Uni et y retarderait le déploiement du réseau 5G, nouvelle génération de téléphonie destinée aux objets connectés, et de la fibre optique, a-t-elle ajouté. Enfin, peu d'entreprises disposent de la même technologie que le groupe chinois: "il y a une défaillance du marché", a-t-elle résumé.
Seuls trois équipementiers télécoms, les Européens Nokia et Ericsson et le Chinois Huawei, sont capables de fournir les équipements pour les futurs réseaux 5G.
Les équipements Huawei sont généralement considérés comme disposant d'une avance et étant de meilleure qualité que les autres acteurs du secteur, grâce à de lourds investissements ces dernières années en recherche et développement, bien supérieurs à ceux de ses deux concurrents.
Le Royaume-Uni a repoussé à plusieurs reprises cette décision sensible sur Huawei, notamment en raison des élections législatives de décembre.
Huawei est une source de tension entre Londres et Washington au moment où le gouvernement britannique compte négocier après le Brexit, prévu le 31 janvier, un nouvel accord commercial avec les Etats-Unis.
En avril 2019, une fuite dans la presse britannique avait révélé que le gouvernement conservateur de l'époque, dirigé par Theresa May, était sur le point d'accorder à Huawei une participation limitée au réseau 5G. L'équipementier chinois n'aurait pas été impliqué dans le coeur du réseau mais sur des infrastructures moins sensibles.
La ministre des Entreprises, Andrea Leadsom, a indiqué jeudi qu'une décision serait prise "bientôt", précisant que plusieurs éléments étaient pris en considération comme "la disponibilité d'autres fournisseurs" et "le travail déjà accompli par Huawei au Royaume-Uni".
La semaine dernière, le Premier ministre Boris Johnson avait aussi laissé entendre qu'il serait difficile de bannir Huawei du réseau: "si les gens s'opposent à une marque ou une autre, ils doivent nous dire quelle est l'alternative", avait-il déclaré sur la BBC.
Si l'Australie ou le Japon ont emboîté le pas aux Etats-Unis en choisissant d'interdire Huawei sur leur sol, les pays européens, encore hésitants à l'heure de choisir les constructeurs des futurs réseaux 5G, apparaissent très divisés.
Le gouvernement français devrait rendre à partir de la mi-février ses premiers arbitrages. En revanche, la plupart des grands marchés émergents, Brésil et Inde en tête, ouvrent grands leurs bras au groupe chinois.