Les îles Féroé ont démenti mercredi avoir subi des pressions de Pékin pour confier la construction de leur réseau 5G au géant chinois des télécoms Huawei, en réaction aux affirmations d'un quotidien danois.
"Le gouvernement n'a subi aucune pression ni menace d'autorités étrangères en relation avec le développement d'un réseau 5G dans les îles Féroé", a affirmé un porte-parole du gouvernement féringien dans un courriel à l'AFP, indiquant que la décision appartenait à l'opérateur local Føroya Tele, qui n'a pas encore arrêté son choix.
Les Etats-Unis voient dans Huawei, leader mondial des équipements 5G, un cheval de Troie des autorités chinoises et pressent les Européens de l'exclure de leurs appels d'offre pour la 5G.
Tant le régime communiste que l'équipementier réfutent ces accusations, Huawei se présentant comme "une entreprise privée à 100% entièrement détenue par ses employés".
Le quotidien danois Berlingske affirme que lors de rencontres avec des responsables féringiens, "l'ambassadeur (de Chine au Danemark) Feng Tie a dit clairement (...) que si l'opérateur de télécoms Føroya Tele autorisait Huawei à construire son réseau 5G, toutes les conditions seraient requises pour la conclusion d'un accord de libre-échange entre la Chine et les îles Féroé".
L'ambassadeur de Chine était "très déterminé", d'après le journal, qui fonde ses informations sur un enregistrement de la radio-télévision locale KVF dans lequel le ministre féringien du Commerce et un collaborateur, ignorant qu'ils étaient enregistrés, évoquent une rencontre avec l'ambassadeur en novembre.
Selon Berlingske, "c'est la première fois que le gouvernement chinois conditionne l'accès à l'immense marché de la Chine à l'octroi à Huawei d'un contrat 5G en Europe".
Démentant toute "pression" sur le gouvernement féringien, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a assuré mercredi à Pékin qu'il était dans les "attributions normales" d'un ambassadeur d'évoquer avec ses interlocuteurs "la sauvegarde des droits et des intérêts légitimes des entreprises chinoises".
D'après KVF, les îles Féroé ont commencé le développement de la 5G en étroite collaboration avec Huawei.
"Nous recevons des recommandations de l'Agence nationale de sécurité électronique et pour l'instant, ils n'ont pas déconseillé de coopérer avec Huawei", a indiqué fin novembre à KVF le ministre féringien du Commerce, Helgi Abrahamsen.
Copenhague a par ailleurs démenti les informations du journal selon lesquelles le ministère des Affaires étrangères avait prévenu les autorités locales que le ministère de la Défense déconseillait de choisir Huawei.
Dans un courriel à l'AFP, Huawei Danemark affirme "ne pas avoir de nouvelles de l'avancement du réseau aux îles Féroé" et ne rien savoir de la rencontre entre l'ambassadeur et les responsables féringiens.
L'ambassade de Chine à Copenhague n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
Toujours selon Berlingske, le gouvernement féringien a obtenu d'un juge un référé interdisant la diffusion de l'enregistrement au motif que celle-ci "serait de nature à nuire aux relations" entre les îles Féroé et la Chine.
La technologie 5G, qui doit proposer un débit 100 fois plus rapide que celui des réseaux 4G existants, est présentée comme un bouleversement en matière de télécoms dans le monde avec de nouvelles applications: objets connectés, voitures sans conducteur, automatisation accrue, télémédecine, etc.