Le ministère de la Défense américain va réexaminer l'attribution à Microsoft d'un mégacontrat de cloud (informatique à distance) lors d'un appel d'offres vivement remis en cause par Amazon et marqué par des querelles politiques.
En février, une juge américaine a accepté la requête d'Amazon, géant du e-commerce et du cloud, d'ordonner la suspension du contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), d'une valeur de 10 milliards de dollars et qui s'étend sur dix ans.
Jeudi soir, le gouvernement a demandé au tribunal de renvoyer le problème au Pentagone "pour 120 jours afin de reconsidérer certains aspects de la décision contestée".
"Nous sommes satisfaits que le ministère de la Défense reconnaisse que des questions +substantielles et légitimes+ ont affecté la décision sur le contrat JEDI et qu'une correction est nécessaire", a réagi un porte-parole d'Amazon.
Dès la conclusion de l'appel d'offres cet automne, Amazon avait protesté. Le groupe de Seattle accuse notamment Donald Trump d'avoir interféré avec le processus.
Jeff Bezos, le patron d'Amazon, est la cible fréquente d'attaques virulentes de la part du président républicain, notamment en raison de son investissement dans le Washington Post, un des journaux parmi les plus critiques du gouvernement.
Amazon a déposé une plainte formelle en janvier, et l'injonction temporaire ordonnée par une cour fédérale en février interdit au Pentagone d'avancer sur ce contrat.
"Un renvoi (au Pentagone) est dans l'intérêt de la justice parce qu'il donne l'occasion de réexaminer cette décision à la lumière des accusations d'AWS (Amazon Web Services, la branche cloud du groupe, ndlr), de l'opinion de la cour et de nouvelles informations," ont précisé les avocats du gouvernement dans leur demande.
Amazon, qui domine largement le marché mondial du clou, était considéré comme favori dans l'appel d'offres de ce mégacontrat, qui vise à moderniser la totalité des systèmes informatiques des forces armées américaines dans un système géré par intelligence artificielle.
AWS fournit déjà des serveurs hautement sécurisés à d'autres antennes du gouvernement, dont la CIA.
Selon des documents remis par Amazon au tribunal, la société de Jeff Bezos estime que le choix de Microsoft est aberrant à moins de prendre en compte "la détermination de Donald Trump à +enfoncer Amazon+, d'après les mots du président lui-même".
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