Le hacker portugais Rui Pinto à l'origine des "Football Leaks" et des récents "Luanda Leaks", et qui prétend avoir amassé beaucoup d'autres documents, devrait être soutenu et non poursuivi par les autorités portugaises, ont estimé vendredi ses avocats.
Rui Pinto est en détention provisoire au Portugal, où il attend d'être jugé pour tentative d'extorsion et délits informatiques liés aux fuites des "Football Leaks". Il a également affirmé être à l'origine de la fuite de 715.000 documents compromettants pour la milliardaire angolaise Isabel dos Santos.
"Ce n'est pas un délinquant, c'est un grand lanceur d'alerte comme Julian Assange ou Edward Snowden et il doit être protégé par les autorités portugaises (...), il n'y a pas en Europe d'autre lanceur d'alerte qui subisse le sort de Rui Pinto", a déclaré son avocat français William Bourdon, lors d'une conférence de presse sur la protection des lanceurs d'alerte organisée à Lisbonne.
L'Australien Julian Assange, fondadeur de Wikileaks, est actuellement en prison en Grande-Bretagne où il lutte contre son extradition vers les Etats-Unis.
Edward Snowden est un informaticien américain accusé aux Etats-Unis d'espionnage et de vol de documents pour avoir révélé un programme américain de surveillance massive des Etats. Il a reçu asile en Russie.
Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a publié en janvier une vaste enquête, baptisée "Luanda Leaks", accusant la fille de l'ex-président angolais d'avoir "siphonné l'économie angolaise" et accumulé de manière frauduleuse une fortune estimée à 2,1 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros). Les avocats de Rui Pinto ont affirmé qu'il était à l'origine des documents qui ont alimenté cette enquête.
"Il a toujours manifesté la même volonté de lutter contre la corruption et le blanchiment d'argent et nous réitérons ici son souhait de coopérer avec les autorités portugaises et européennes", a ajouté son avocat portugais Francisco Teixeira da Mota.
Peu après son arrestation, à la demande des autorités portugaises, en janvier 2019 à Budapest, où il résidait, le hacker aujourd'hui âgé de 31 ans, avait affirmé être en possession de six téraoctets de documents inédits.
Par l'intermédiaire de William Bourdon, Rui Pinto avait engagé fin 2018 une collaboration avec le Parquet national financier français, qui avait estimé que le hacker avait permis des "développements majeurs" dans les enquêtes pour fraude fiscale qu'il a ouvertes.
"Rui Pinto n'a jamais été motivé par l'argent, ses révélations sont faites dans l'intérêt général et permettront de récupérer des centaines de millions d'euros (...). Les accusations contre lui sont fausses et nous réussirons à les démonter", a assuré M. Bourdon.
Plusieurs autorités européennes, dont la France et la Belgique, souhaitent à nouveau rencontrer Rui Pinto dans le but de faire avancer leurs enquêtes.
Les révélations de "Football Leaks", qui ont conduit à l'ouverture de procédures judiciaires aussi en Belgique et en Suisse, restent à ce jour la plus importante fuite d'informations sur les coulisses du ballon rond.