L'entrée du géant en ligne Amazon au capital de Deliveroo se complique, les autorités britanniques estimant que l'opération pourrait entraîner "une baisse importante de la concurrence" dans le marché en pleine croissance de la livraison de repas au Royaume-Uni.
L'Autorité britannique de la concurrence (CMA) va donc ouvrir une deuxième phase de son enquête, "sauf si les parties proposent une offre acceptable pour résoudre ces sujets de préoccupation" sous cinq jours, d'après un communiqué mercredi.
"L'enquête initiale de la CMA montre que l'investissement (d'Amazon) dans sa forme actuelle pourrait nuire à la concurrence de deux manières différentes: d'une part en décourageant le retour d'Amazon sur le marché britannique de la livraison de repas après la tentative avortée d'Amazon Restaurants"; d'autre part, "en freinant la concurrence sur le marché encore émergent des livraisons de provisions alimentaires où les deux sociétés ont acquis des positions dominantes", poursuit la CMA.
Amazon, qui a généré des ventes en ligne de près de 11 milliards de livres l'an dernier au Royaume-Uni, propose déjà tout un éventail d'option de livraison de produits alimentaires à travers Amazon Fresh et sa filiale de supermarchés haut de gamme Whole Foods. Son entrée chez Deliveroo lui permettrait d'infléchir sa stratégie, pour peut-être rivaliser plus mollement avec ses propres activités au Royaume-Uni, fait valoir le régulateur britannique.
Deliveroo, fondé en 2013, affiche des ventes de 500 millions de livres par an et est présent dans tout le pays. Plateforme en ligne de livraison de repas pour des milliers de restaurants, la société livre aussi les provisions pour le compte de supermarchés ou fournisseurs comme Co-op.
"Si l'accord est mis en oeuvre dans sa forme actuelle, il risque de se traduire pour les clients, restaurants et commerçants par des prix plus élevés et une moindre qualité de service" en empêchant Amazon et Deliveroo de rivaliser l'un avec l'autre, commente Andrea Gomes da Silva, directrice exécutive de la CMA.
"Une entreprise britannique comme Deliveroo devrait avoir un large accès aux investisseurs et aux soutiens" financiers, a réagi Amazon.
Un porte-parole de Delivero a assuré mercredi que la société "travaille étroitement avec la CMA" et pense pouvoir la "persuader qu'il s'agit d'un investissement mineur qui va stimuler la concurrence, aider les restaurants à croître, créer plus de travail pour les livreurs tout en augmentant le choix pour les clients".
Mi-mai, Deliveroo avait annoncé avoir levé 575 millions de dollars auprès d'Amazon et de fonds d'investissements, sans dire exactement combien le géant du commerce en ligne allait injecter, mais précisant qu'il apportait la part la plus importante de cette augmentation de capital.
Les enquêtes de phase 2 de la CMA, si elles ne signent pas automatiquement l'arrêt de mort d'une fusion, ont entraîné le blocage de la fusion des supermarchés Sainsbury's et Asda ou de l'opérateur téléphonique O2 avec son rival Three.
ved/fc
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