Le géant chinois des télécoms Huawei va délocaliser un centre de recherche des Etats-Unis vers le Canada et veut ouvrir de nouvelles usines en Europe, a déclaré son fondateur Ren Zhengfei lors d'une interview publiée mardi par le journal canadien Globe and Mail.
Le centre de recherche et développement de Huawei "va déménager des Etats-Unis et sera relocalisé au Canada", a indiqué M. Ren.
Huawei souhaite par ailleurs ouvrir de nouvelles usines en Europe pour y fabriquer des composants de sa technologie de réseau 5G, selon le dirigeant.
Fabriquer des équipements de 5G en dehors de la Chine "coûtera peut-être un peu plus cher, mais ça peut nous permettre de gagner un peu plus la confiance des Européens", estime le dirigeant chinois.
Ces projets en Europe font toujours l'objet d'une étude de faisabilité, souligne le quotidien canadien.
Les Etats-Unis ont exclu le géant chinois du déploiement de la technologie 5G sur leur sol, invoquant des risques d'espionnage ou de sabotage des réseaux occidentaux, et ils tentent de convaincre leurs alliés d'en faire autant. Le Canada n'a pas encore pris de décision.
En 2019, Huawei a déjà recruté 300 personnes supplémentaires au Canada, où 1.200 personnes travaillent désormais pour le groupe, selon lui.
Son centre de recherche américain Futurewei a déjà réduit ses effectifs d'environ 250 personnes, en raison des restrictions imposées par le gouvernement américain.
"Nous ne pouvons pas échanger des appels téléphoniques ou des e-mails" avec la maison-mère en Chine, explique M. Ren. "C'est pourquoi nous allons davantage axer notre développement vers le Canada".
La fille de Ren Zhengfei, Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, a été arrêtée à Vancouver le 1er décembre 2018 à la demande des Etats-Unis. La justice américaine la soupçonne d'avoir contourné les sanctions américaines contre l'Iran, et demande son extradition pour la juger sur son sol.
Cette arrestation a déclenché une crise diplomatique sans précédent entre Pékin et Ottawa.
La Chine a depuis arrêté l'ex-diplomate canadien Michael Kovrig et son compatriote consultant Michael Spavor, qu'elle accuse d'espionnage. Elle a suspendu pendant plusieurs mois les importations de colza et de viande canadienne, avant de reprendre ces dernières début novembre.
Le fondateur de Huawei estime que les Etats-Unis sont les vrais responsables de la crise actuelle. "Il s'agit évidemment d'une ingérence politique des Etats-Unis", estime-t-il. "Je pense que le Canada devrait demander à Trump le remboursement des pertes subies".