Des banquiers centraux réunis lundi à Bâle en Suisse se sont montrés inquiets des risques liés aux cryptomonnaies dites "stables", telles que la Libra, le projet du géant américain Facebook, et ont prévenu que la barre serait "haute" pour obtenir le feu vert des autorités réglementaires.
Ce type de cryptomonnaies n'a pas encore fait ses preuves, en particulier à grande échelle pour "faire fonctionner un système mondial de paiement", a mis en garde Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), cité dans un communiqué, à l'issue de cette réunion organisée par la Banque des règlements internationaux (BRI).
"Elles engendrent un certain nombre de risques sérieux", a-t-il prévenu, avertissant que "la barre pour l'approbation réglementaire sera haute".
Des banquiers centraux et représentants des pouvoirs publics se sont réunis au siège de cette institution considérée comme la Banque centrale des Banques centrales pour discuter des risques liés aux "stablecoins", les cryptomonnaies stables, alors que le projet de monnaie virtuelle de Facebook suscite une levée de boucliers.
Le ministre français des Finances Bruno Le Maire s'était dit jeudi opposé à ce projet sur le sol européen, invoquant entre autres les risques pour la souveraineté monétaire mais aussi les désordres financiers considérables que cette cryptomonnaie pourrait engendrer en cas de défaillance dans son fonctionnement.
En juin, le géant des réseaux sociaux Facebook avait dévoilé un projet de monnaie numérique visant à introduire un mode de paiement alternatif aux circuits bancaires traditionnels.
Promis pour 2020, le projet s'inspire de crypto-actifs comme le bitcoin. Si celui-ci a connu de très fortes variations de son cours, la Libra entend se poser en cryptomonnaie stable, en s'adossant à un panier de devises pour limiter sa volatilité.
Afin d'évaluer ce type de projets, il faut en "comprendre les détails", a fait valoir Agustin Carstens, le directeur général de la BRI, insistant sur la nécessité pour les autorités de régulation de se concerter compte tenu de leur dimension transfrontalière. Des représentants de l'Association Libra, qui regroupe les partenaires de Facebook dans ce projet, ont été conviés à cette rencontre.
Le projet suscite une vague d'inquiétudes tant de la part des banquiers centraux, politiques et autorités de régulation face aux risques pour la stabilité financière mais aussi pour la protection des données personnelles ou la lutte contre le blanchiment d'argent.