Le patron de Kering, François-Henri Pinault, estime que les activités de son groupe de luxe sont pour l'instant "épargnées" par la guerre commerciale Etats-Unis-Chine, mais craint d'éventuelles représailles américaines contre la taxation des géants du numérique décidée unilatéralement par la France.
Nous sommes, "pour l'instant, épargnés car nos productions sont faites en France ou en Italie dans une très large proportion, donc les sanctions qui sont prises d'un côté et de l'autre ne touchent pas les produits de luxe", a déclaré M. Pinault au micro de France Inter samedi matin.
Mais il s'est aussi dit "vigilant" sur d'éventuelles représailles américaines en raison de l'application par la France d'une taxe Gafa.
Après deux jours d'intenses tractations, la France a affirmé lors du G7 de Biarritz la semaine dernière avoir trouvé un accord de principe avec les Etats-Unis sur la taxation des géants du numérique, censé écarter la menace de représailles américaines sur le vin français.
Mardi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait estimé que cette menace "s'éloignait" mais n'était pas encore "définitivement écartée", l'issue dépendant de discussions à venir avec la partie américaine.
En vertu du compromis élaboré par Paris et Washington, la France s'est engagée à abandonner sa taxe, qui entre en vigueur cette année, dès qu'une solution internationale aura été trouvée sous l'égide de l'OCDE.
M. Pinault a néanmoins appelé à rester vigilant.
"On pourrait craindre que les Etats-Unis commencent à prendre des sanctions. On parle du vin français. Les produits de luxe pourraient suivre aussi. Pour l'instant on est épargné mais il faut être prudent", a-t-il affirmé.
Définitivement adoptée le 11 juillet, cette taxe, qui entre en vigueur en France cette année, crée une imposition des grandes entreprises du secteur technologique non pas sur le bénéfice, souvent transféré via des montages savants dans des pays à très faible fiscalité, mais sur le chiffre d'affaires.
Ce dispositif a provoqué de vives réactions côté américain, et le président Donald Trump lui-même avait menacé de taxer les vins français, allant jusqu'à évoquer le 9 août une taxe de 100%.
L'accord de principe annoncé à Biarritz a en outre suscité l'hostilité de l'industrie technologique américaine.
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