Des livreurs de Deliveroo en colère contre la nouvelle grille tarifaire de leurs courses bloquent depuis plusieurs jours les livraisons de la plateforme en régions et une grève nationale est en préparation, selon le Collectif des livreurs autonomes de Paris (Clap 75).
A Nice, Toulouse, Tours, Besançon, des mouvements ponctuels de grève et de blocage de restaurants ont eu lieu cette semaine pour protester contre la décision de la plateforme britannique de baisser les tarifs des courses les plus courtes et d'augmenter celui des courses longues, délaissées par les livreurs car peu rentables.
"C'est un ras-le-bol généralisé", explique Jean-Daniel Zamor, président du Clap 75. "Deliveroo a supprimé le tarif minimum, fixé à 4,70 à Paris (variable selon les villes) et on tourne avec des courses à moins de 3 euros".
Le collectif appelle à un rassemblement Place de la République samedi à Paris pour décider d'une grève nationale, "probablement la semaine prochaine".
Selon la plateforme, la nouvelle grille offre "une meilleure tarification, plus juste" et "plus de 54% des commandes sont payées davantage". Si les livreurs sont payés davantage "pour les courses de distance intermédiaire et longue", en revanche ils le sont moins "pour certaines commandes les plus courtes", a reconnu un porte-parole à l'AFP.
Cette modification a été apportée "en réponse aux nombreux retours de livreurs", assure la plateforme.
Jean-Daniel Zamor estime pour sa part que la nouvelle grille, qui veut "obliger les livreurs à prendre les courses longues", entraîne de fait une baisse de rémunération de 30 à 50% pour les livreurs.
Le collectif a commencé à consulter les livreurs sur les réseaux sociaux et assure avoir "100% des livreurs consultés d'accord pour la grève".
"C'est un secteur très atomisé où il est difficile de mobiliser rapidement, il faut un mouvement sur la durée", explique Jean-Daniel Zamor.
Jusqu'à présent, Deliveroo offrait de meilleures conditions à ses livreurs que les autres plateformes et cette décision revient à "s'aligner sur Uber Eats", déplore-t-il.
Le collectif réclame un retour au tarif minimum antérieur et l'ouverture de discussions sur plusieurs sujets cruciaux pour les livreurs, comme la composition de l'algorithme qui attribue les courses et une régulation du nombre de livreurs inscrits.
Les plateformes "jouent des sureffectifs" pour maintenir des tarifs au plus bas, estime-t-il.
Avec 10.000 restaurants partenaires dans 200 villes, le marché français est le deuxième pour Deliveroo, après le marché britannique dont l'entreprise est issue.
Le développement à grande vitesse du secteur de la livraison de repas s'accompagne de nombreuses critiques sur la précarité des emplois et les conditions de travail des livreurs.
mpf-ref/cel/or
UBER TECHNOLOGIES