L'opérateur philippin Globe Telecom a annoncé vendredi le lancement prochain de la 5G dans le pays, une première en Asie du Sud-Est, mise en place avec de la technologie Huawei, malgré les accusations d'espionnage formulées par Washington à l'égard du géant chinois.
Huawei se retrouve au coeur de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis qui se double désormais d'une guerre technologique. Les responsables américains soupçonnent Pékin d'utiliser les produits de Huawei pour espionner les gouvernements étrangers, ce que nie le géant chinois des télécoms.
Manille est un allié historique de Washington, mais le président philippin Rodrigo Duterte multiplie les efforts en faveur d'une amélioration des rapports avec la Chine, espérant en attirer les investisseurs.
Washington s'inquiète surtout de l'avance prise par Huawei dans la fourniture d'équipements pour la 5G, technologie sans fil pour laquelle le géant chinois est considéré comme le leader mondial incontesté.
Au nom de la sécurité nationale, l'administration Trump a annoncé l'interdiction le mois dernier pour les entreprises américaines de vendre des équipements de pointe à Huawei, accordant toutefois un délai de 90 jours au fabricant et à ses partenaires américains pour s'adapter.
La semaine dernière, le fondateur de Huawei, Ren Zhengfei a annoncé une forte chute de ses ventes à l'étranger, l'obligeant à réduire sa production d'un tiers d'ici la fin de 2020.
Mais cela n'a pas fait empêché Globe Télécom de poursuivre ses efforts dans le déploiement de cette technologie, après avoir annoncé l'an dernier que Huawei Technologies et d'autres fournisseurs préparaient la cinquième génération du haut débit.
"Nous avons franchi une étape cruciale dans la réalisation de notre objectif de connecter davantage de foyers philippins à l'internet" a annoncé Ernest Cu, le président de Globe Telecom dans un communiqué.
Le système de la 5G, qui utilise la transmission radio au lieu de la fibre optique, devrait fournir des connexions ultra-rapides à une nation qui a longtemps eu la réputation d'être l'un des pays d'Asie où l'internet était le plus lent.
Le secrétaire américain à la Défense, Mike Pompeo, avait mis en garde les Philippines et d'autres pays contre l'utilisation de la technologie de Huawei lors d'une visite à Manille en mars dernier.
Outre Globe Telecom, Huawei fait également l'objet d'un contrat pour fournir du matériel de vidéosurveillance à un projet de 400 millions de dollars de la police philippine pour lutter contre la criminalité dans plusieurs villes.
Un porte-parole de la police philippine a déclaré le mois dernier à des journalistes qu'ils avaient enquêté sur des accusations d'espionnage contre l'entreprise chinoise, mais qu'ils n'avaient "trouvé aucune preuve pour confirmer que Huawei espionnait réellement".