Jumia, le leader africain du commerce en ligne, a effectué vendredi en grande pompe ses premiers pas à Wall Street.
Le titre de la société a bondi d'environ 30% dès ses débuts sur le célèbre parquet du New York Stock Exchange (NYSE) sous le symbole "JMIA", vers 14H20 GMT. Et à la mi-séance, il s'envolait de 57%.
La place new-yorkaise, qui présente l'opération comme la première introduction en Bourse sur le NYSE d'une startup africaine de la tech, avait déroulé le tapis rouge: elle a déployé une grande affiche aux couleurs orange et noire de l'entreprise sur sa facade extérieure et laissé ses dirigeants sonner la cloche marquant le début de la séance.
L'opération a permis à l'entreprise de lever 196 millions de dollars.
Fondé en 2012 au Nigéria, Jumia propose à ses utilisateurs une plateforme reliant les vendeurs aux consommateurs, un service de logistique permettant l'expédition et la livraison de colis des vendeurs aux consommateurs et un service de paiement facilitant les transactions entre les utilisateurs actifs.
Désormais présente dans 14 pays en Afrique, l'entreprise se targue de compter, selon les derniers relevés fin 2018, 4 millions d'utilisateurs actifs, 81.000 vendeurs et d'employer plus de 5.000 personnes.
Signe de sa forte croissance, Jumia a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de 130,6 millions d'euros, en hausse de 40% sur un an. Et le volume des transactions réalisées sur ses plateformes a s'est élevé en 2018 à 828,2 millions d'euros, ce qui correspond à une progression de 63% par rapport à l'année précédente.
Le groupe reste cependant encore déficitaire.
Considérée comme une des pépites du continent africain, Jumia avait déposé mi-mars les papiers préparant son arrivée à la Bourse de New York. Elle a précisé vendredi avant l'ouverture qu'elle allait offrir 13,5 millions d'American Depositary Receipts (ADR) au prix de 14,50 dollars l'unité, soit au milieu de sa fourchette de prévisions initiales (entre 13 et 16 dollars).
Les ADR sont des certificats permettant à une entreprise étrangère d'être cotée aux Etats-Unis sans avoir à se plier aux lourdes exigences réglementaires du pays.
- "Effet de rareté" -
L'entrée en Bourse "n'est qu'une étape, nous ne sommes qu'au début d'un long et grand voyage", ont commenté dans un communiqué Sacha Poignonnec et Jeremy Hodara, co-fondateurs et co-directeurs de Jumia.
"Nous allons continuer à nous concentrer sur notre mission et à travailler encore plus dur pour aider les consommateurs, les vendeurs, les partenaires et toutes les parties prenantes à tirer profit de cette révolution technologique", ont-ils ajouté.
Parmi les investisseurs ayant accompagné sa croissance, Jumia compte de grands noms de l'économie comme Pernod-Ricard, Axa, Orange ou Goldman Sachs. Ses actionnaires principaux sont l'opérateur sud-africain MTN (à hauteur de 30%), la société allemande Rocket Internet (21%) et le groupe luxembourgeois Millicom (10%).
Le démarrage en trombe de la société à Wall Street n'est pas étonnant, selon les analystes de Briefing.
"Les actions proposant une exposition au continent africain sont peu nombreuses, ce qui donne à JMIA un effet de rareté", soulignent-ils dans une note. Or l'économie y croit rapidement, la classe moyenne s'agrandit et l'usage des smartphones se répand, ce qui donne à Jumia des perspectives potentiellement intéressantes.
Cependant, ajoutent-ils, investir dans la société n'est pas sans risque dans la mesure où elle opère dans des zones "où il y a un manque d'infrastructures, de technologies et de moyens logistiques et où les gouvernements peuvent ne pas être des plus stables".
Sur la chaîne d'informations financières CNBC, Sacha Poignonnec a toutefois souligné que l'entreprise avait déjà réussi à se constituer un "vaste réseau de partenaires locaux connaissant les spécificités de leurs villes et de leurs régions" et à qui Jumia apporte "des technologies, des outils et des procédés" pour livrer leurs produits.
jum/alb/cj
GOLDMAN SACHS GROUP
ROCKET INTERNET
PERNOD-RICARD
AXA
MILLICOM INTERNATIONAL CELLULAR
Orange