"Le piratage informatique est peut-être bien la plus grande menace planant sur le système financier américain", a prévenu jeudi Jamie Dimon, le patron de la banque JPMorgan Chase dans une lettre annuelle dans laquelle il appelle également les PDG à s'engager plus dans la vie publique.
Son groupe dépense chaque année 600 millions de dollars et emploie plus de 3.000 personnes pour la cybersécurité.
"Mais le système financier est interconnecté et ses adversaires sont intelligents et acharnés. Nous devons continuer à être vigilants", affirme Jamie Dimon dans ce document adressé aux actionnaires.
Ces inquiétudes font écho à celles d'une responsable de la Banque centrale américaine (Fed) Loretta Mester, qui jeudi, dans un discours, a affirmé que les Etats-Unis "n'investissaient pas assez dans la cybersécurité".
Mme Mester, présidente de l'antenne régionale de la Fed de Cleveland, a affirmé que les actes cybernétiques malveillants avaient coûté à l'économie américaine entre 57 milliards et 109 milliards de dollars en 2016, selon les derniers chiffres disponibles qui "sont à la hausse".
De leur côté, les firmes ont investi en 2019 quelque 124 milliards de dollars dans le monde pour se protéger.
"Si tous les types d'entreprises font face à des risques cybernétiques, vu le rôle crucial du secteur financier dans l'économie américaine comme dans l'économie mondiale, les enjeux sont particulièrement élevés pour l'industrie des services financiers", a-t-elle averti.
Dans la lettre annuelle, le patron de JPMorgan, qui est également le président du Business Roundtable, une organisation regroupant des multinationales comme Caterpillar, Boeing, Walmart, General Motors, IBM ou encore General Electric, estime par ailleurs que "les patrons peuvent et doivent s'impliquer, particulièrement quand eux-mêmes ou leur entreprise peuvent aider à concevoir des programmes bénéfiques" au pays.
"Nous pouvons utiliser nos capacités, données et ressources pour aider à développer des programmes d'infrastructures, de gouvernance, de logements abordables, d'éducation financière et d'intégration, ainsi que contribuer au financement des petites entreprises, des formations, du développement des communautés et de l'économie", ajoute-t-il dans cette lettre.
"Les entreprises ne doivent pas juste respecter la lettre et l'esprit de la loi. Elles peuvent s'efforcer d'améliorer la société", a ajouté M. Dimon.
Au-delà de l'appel aux grands patrons, le PDG de JPMorgan évoque un grand nombre de sujets dans sa lettre annuelle, allant de la défense du capitalisme ou des programmes de rachat d'actions, à l'importance de l'intelligence artificielle en passant par la cherté des soins de santé.
Jamie Dimon affirme par ailleurs que si sa banque "ne prédit pas de récession", elle s'y prépare.
L'économie américaine, "plutôt en bonne santé", va se retrouver "confrontée à une grande variété de problèmes en 2020 et 2021", écrit-il.
"Certains facteurs comme la confiance, dont nous savons à quel point elle est importante, peuvent être facilement affectés par de mauvaises politiques, des événements inattendus ou même une forte volatilité sur les marchés", détaille M. Dimon.
"La prochaine récession ne ressemblera peut-être pas aux récessions précédentes. La prochaine fois, sa cause sera peut-être seulement la conséquence d'une accumulation de facteurs négatifs", ajoute-t-il.
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